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Coutellerie Travail du cuir

Réalisation d’un étui sur mesure

Je viens de réaliser un étui pour un ami qui vient d’acheter un brut de forge, bois de cerf. C’est une belle lame à qui il manquait un étui, je pense que celui-ci correspond mieux que l’original. A noter le nombre de pièces de cuir que j’ai utilisé: à un endroit il y a 8 épaisseurs!!! rien que 3 épaisseurs pour compenser la largeur au niveau de la garde pour éviter un déport par rapport au passant.

L’étui est réalisé avec du cuir tannage végétal et il est cousu main au point sellier.

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Histoire

Guerre 14-18 notes additionnelles

Notes diverses

Date

Météo

Trajet

Distance

estimée*

Distance cumulée

7 août

Averses nuit du 6 au 7. Beau.

Vezelise-Benney puis Ferrière

22

22

8 août

Nuit du 7 au 8 : pluie, froid.

Ferrière-Flainval

12

34

9 août

Flainval-Einville

21

55

10 août

Einville- Bois du Haut de la Croix

18

73

11 août

Bois du Haut de la Croix-Coincourt puis ferme de la Fourasse

14

87

12 août

Chaleur torride

0

87

13 août

0

87

14 août

Ferme de la Fourasse-Coincourt

7

94

15 août

Coincourt-Marimont

10

104

16 août

Marimont-Juvelize

10

114

17 août

0

114

18 août

0

114

19 août

Juvelize-St Médard

11

125

* mesurée par rapport aux routes actuelles, la distance réelle est certainement supérieure.

Constitution des unités (simplifiée avec uniquement les régiments d’infanterie) :

XV° corps d’armée

29° division d’infanterie

57° brigade d’infanterie

111°RI (Antibes)

112°RI (Toulon)

58° brigade d’infanterie

3°RI (Hyères)

141°RI (Marseille)

30° division d’infanterie

59° brigade d’infanterie

40°RI (Nîmes)

58°RI (Avignon)

60° brigade d’infanterie

55°RI (Pont St Esprit)

61°RI (Privas)

Je vous invite à faire des recherches sur internet sur le XV° CA qui sera appelé plus tard « le corps maudit » en raison de l’accusation de lâcheté des méridionaux faite par le sénateur Gervais. Combien il était facile d’accuser les autres de lâcheté du haut de son perchoir au Sénat ou à travers un article de presse ! Les régiments ont certes reculés mais avec des taux de pertes supérieurs à ceux de Verdun. La journée du 22 août 1914 sera la plus meurtrière de toute la guerre avec 25 000 morts. Ni les officiers sur le terrain, ni les hommes n’ont failli.

JMO : journaux de marches et opérations, ils ne sont pas tous précis car écrits a posteriori. La rédaction faite probablement à partir d’ordres écrits ou de notes prises sur le moment est souvent synthétique. Exemple la contre attaque du bois du Haut de la Croix le 14 août, n’apparaît pas dans le JMO du 58, pourtant Émile en parle dans sa lettre (avec sûrement une erreur de date, le 13 le 3ème RI est au repos). Le JMO du 3ème RI parle bien d’une contre attaque sur le bois du Haut de la Croix à compter du 14 août mais sans succès (violents tirs d’artillerie, nombreuses pertes). Un bataillon du 3ème RI cantonne à Lagarde le 17 mais cela ne veut pas dire que le bois du Haut de la Croix a été repris ??? Dans aucun document on ne parle du renforcement de la 58ème brigade (29ème division) par le 58ème RI (59ème brigade, 30ème division) mais pourtant Émile cite bien le 3ème RI.

JMO-55RI


JMO du 55RI

 

Historique des régiments : ils ont été rédigés après guerre.

Petites remarques personnelles sur ce début de guerre :

La mobilisation s’est déroulée de manière remarquable, le transport des rappelés et des unités combattantes, l’incorporation étaient soigneusement planifiés. En revanche des soldats (dont Émile) sont partis au front sans aucune préparation (peut-être quelques rappels sur le maniement d’armes??).

Je ne parlerai pas du Plan XVII qui amenait nos troupes dans le terrain de manœuvre des allemands, ni de l’équipement du soldat français qui comme le légionnaire romain continue à faire la tortue pour se protéger, ce sont des sujets souvent débattus par des historiens plus émérites que moi.

Un petit mot sur la « furia » française : les saint-cyriens qui avaient jurés de mener le premier assaut en casoar et gants blancs, quel sacrifice inutile. L’offensive à outrance prônée par l’état-major outre les pertes énormes qu’elle cause à la troupe provoque une hémorragie de cadres : dans l’infanterie les officiers qui sont devant leurs hommes au moment des charges paient un lourd tribut.

La discipline qui régnait est inimaginable de nos jours : on rapporte le cas de soldats qui dans ces premiers jours de guerre, victime d’épuisement (ou coup de chaleur) au cours de ces marches d’approche ont été simplement abattus. L’exemple aussi d’un clairon voyant nos troupes s’entre-tuer (tirs fratricides) sonne le « halte au feu » et qui est abattu d’une balle de pistolet par son commandant de bataillon. Mais dans de nombreux documents on peut lire l’admiration qu’avaient les hommes pour leurs chefs directs et aussi un certain paternalisme de la part de ces derniers.

Un mot également sur les fusillés (exécutés dans les « règles de l’art » après un procès expéditif et non pas les exécutions sommaires qui elles sont difficilement quantifiables), il ne s’agit pas de tout remettre en question, il est difficile de juger. Mais quelques précisions, cela ne concernait pas que des hommes de troupe, le premier fusillé de la guerre a été un commandant (victime probablement d’un choc psy lié à la violence du combat). Autre cas un jeune saint-cyrien, blessé et à court de munitions au milieu des lignes, réussit à regagner les lignes françaises : il est jugé, condamné à mort, et exécuté sur son brancard. Une véritable inquisition était menée pour faire la chasse à la « blessure noble », celle qui ne vous mettait pas en péril mais vous faisait quitter le front. Malheur à celui qui était pris. Les prisonniers rendus à la France comme Émile n’échappait pas à la suspicion (il me semble qu’il a du s’expliquer devant un conseil de guerre à son retour).

Étrangement en opposition à la mobilisation qui s’est bien déroulée, je relève un manque de savoir-faire dans ce début de guerre, certes ce sont des détails que je cite mais ils sont révélateurs : les JMO (journaux de marches et opérations) qui sont rédigés en temps de paix comme en temps de guerre (avec une périodicité différente) doivent être le reflet précis des opérations (comme indiqué en première page de chaque JMO), hors il s’avère que la plupart ont été écrits a posteriori. On peut comprendre que l’administratif passe après mais cela veut dire que personne n’était désigné pour le tenir au jour le jour. Autre fait l’ensevelissement des morts en cas de pertes massives n’était pas prévu (probablement les pertes massives non plus), ce n’est que plus tard qu’une véritable politique sera mise en place. Ce qui fait qu’en ce début de guerre, pour faire face au pire, les morts étaient ensevelis dans des fosses communes (cela peut se comprendre étant donné les taux de pertes), sans forcément faire de listes d’inhumation, ce qui posera quelques difficultés aux familles pour retrouver leurs défunts. Je vous invite à lire l’excellent livre: « La guerre à coup d’hommes » par Patrick-Charles Renaud aux éditions Grancher, on peut lire certains témoignages qui évoquent l’horreur du champ de bataille dès ces premiers jours de guerre.

Enfin le traitement médiatique de cette bataille des frontières : bien souvent, de ce début de guerre on ne retient que l’entrée en Alsace (qui est un symbole fort) et plus tard début septembre les taxis de la Marne (déjà une action médiatique pour regonfler le moral : 6000 soldats soit 6 bataillons c’est peu sur le volume de troupes engagées, et la course sera payée aux chauffeurs de taxis !!). Il me semble que les sacrifices faits en ce début de guerre ne sont pas assez mis en avant bien que ces premiers combats représentent à eux seuls un quart des pertes de la guerre.

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Septembre 1914 – juillet 1915 captivité et retour

Le 3 septembre 1914 :

Là je reste en observation jusqu’au 3 septembre, le médecin chef voyant que les chairs ne pouvaient pas repousser, qu’il n’y avait aucun espoir de me sauver le pied me dit ceci « Voulez vous nous laisser couper le pied sinon vous allez mourir » ça me fait beaucoup de peine mais j’ai dit au Docteur qu’il fasse ce qu’il y avait à faire. Alors on me transporte à l’hôpital et on m’ampute de suite, on me coupe le pied tout près de l’articulation de la cheville,


Je n’ai pas encore 25 ans et me voilà avec un pied en moins que vais-je devenir, adieu mon métier de maître d’hôtel. Mais je pense aussi à mes camarades qui ont été tués à côté de moi ou à ceux bien plus gravement touchés que moi qui agonisaient à Saint-Médard et à Marsal, finalement je suis toujours vivant. Dire que ça a commencé il y a un moins d’un mois, où sont nos troupes maintenant ?

Le 6 septembre 1914?? :

mais voilà qu’au bout de quelques jours la gangrène se déclare et on résolut de m’amputer au dessus de la cheville, je me rétablis petit à petit

Décembre 1914 :

et en Décembre je pouvais enfin quitter l’hôpital je n’étais pas tout à fait guéri il me restait un espace comme une pièce de 2 francs à cicatriser, mais ça ne guérissait pas car l’os dépassait.

Février 1915 :

Emile-Castanie-ampute


Émile prisonnier avec son beau-frère (le plus grand des 3)

je suis resté comme ça jusqu’au mois de février où le Docteur décide de m’en couper encore un petit bout, enfin après avoir bien souffert je quitte l’hôpital pour aller au Lazareth1, là on décide de nous envoyer à Stuttgart pour avoir un appareil sitôt en possession de mon appareil j’ai demandé à aller au Camp avec Eugène2, c’est l’aumônier qui était complice dans l’affaire et qui nous faisait l’échange des lettres, j’ai quitté le Lazareth j’avais encore un petit trou de la grosseur de la tête d’une épingle par laquelle était sorti un éclat d’os, mais maintenant tout ça est guéri. Quelle joie pour nous lorsque nous nous sommes rencontrés avec Eugène, nous nous sommes débrouillés pour être ensemble, nous couchions à côté l’un de l’autre et mangions ensemble le soir nous allions nous asseoir sur un tas de briques et parlions de vous c’était la seule distraction de la journée. À part les distributions des lettres et des colis que nous attendions avec impatience. Le Dimanche nous allions à la Messe voilà tous les événements du Camp.

Le 29 juillet 1915 :

Quelle joie pour moi le jour où on nous a appris que nous allions être rapatriés, mais quel regret aussi de quitter Eugène ça lui a fait beaucoup de peine de me voir partir, mais je pense qu’avec le temps le cafard lui aura passé. Après quelques jours passé dans le Duché de Bade à Breisach nous sommes allés à Constance où j’ai été rapatrié le 29 juillet. Je devais aller à Marseille mais j’ai rencontré la tante ici et je me suis décidé à rester à Lyon.


Épilogue

Voici donc Sa Guerre, telle qu’il l’a vécue et racontée dans une lettre retrouvée dans les années 2000, que d’émotions quand j’ai lu ce récit !

Cent ans, il y a cent ans de ça !!! Une éternité, non c’était hier finalement !! J’ai pris la liberté d’écrire à sa place, sans prétention aucune, en espérant ne pas avoir trahi sa pensée, lui qui nous a si peu parlé de cette période là.

Il y a cent ans de cela c’était des hommes jeunes qui partaient à le guerre, alors ne regardons pas Émile à travers le souvenir d’un homme âgé pour ceux qui l’ont connu ou de ses dernières photos mais pensons plutôt à ce jeune soldat d’une vingtaine d’année, fier de poser en uniforme comme sur la page de couverture.

Le 20 mars 2014

Didier Castanié

1Lazaret: hôpital militaire (terme allemand).

2Son beau-frère, voir la photo de tous les deux dans le camp de prisonnier sur le résumé de la vie d’Émile.

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24 août 1914

Le 24 août 1914 :

gare-dieuze.jpg

Gare de Dieuze. Soldats allemands avec des prisonniers.

 

le lendemain nous sommes dirigés par les Boches jusqu’à la gare de Dieuze où plusieurs trains nous emmènent pour l’Allemagne, là je ne puis pas marcher seul jusqu’au wagon alors un territorial Allemand me prend dans ses bras pour me porter mais un officier Allemand intervient et dis que je puis marcher seul d’un pied, je suis donc obliger de me traîner comme je peux. Dans le train on nous fouille on nous enlève couteau, argent, montres, bagues (etc) mais je réussis pour cacher ma montre et mon argent et les boches ne l’auront pas, en route nous recevons les dames de la Croix Rouge du bouillon et des sandwichs.

Tout le long de notre parcours nous sommes hués par la foule et les gosses, nous arrivons à Gmünd1 après un voyage pénible nous sommes embarqués par les infirmiers dans des voitures de déménagement et là suivis par la foule2 qui nous menace à coup de parapluies et avec les poings, nous arrivons à la Caserne.


1Gmünd dans le Wurtemberg (à proximité de Stuttgart).

2Il s’agissait là probablement des premiers prisonniers de guerre que la foule voyait.

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23 août 1914

Le 23 août 1914 :

nous sommes restés là 3 jours sans soin de Docteurs nous sommes fait prisonniers dans l’Hopi1 le Couvent le 23 août par un Escadron de Hussards qui fouille toute les pièces afin de s’assurer que nous n’avons pas d’armes, ce jour là il arrive encore un incident un officier Allemand qui avait égaré son sabre nous accuse à nous Français de le lui avoir volé en plus de ça il menace de faire sauter le Couvent les sœurs et puis nous avec si il ne retrouve pas son sabre, enfin au bout d’un moment il le retrouve pendu à la selle de son cheval2 nous en sommes donc quitte pour la peur


1Il a rayé ce début de mot, ce qui pourrait confirmer Marsal où il y avait un hospice, les sœurs étaient peut-être réfugiées à cet endroit.

2Était-il ivre? Il racontait plus tard qu’il avait eu affaire à un groupe de soldat ivres…

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20 août 1914

Le 20 août 1914 :

Alors que les combats se poursuivent, nous sommes évacués en charrette tant bien que mal sur le village de Marsal fortifié par Vauban, je souffre énormément, l’infection, la gangrène commence à faire son œuvre.


Le lendemain1 on nous évacue plus loin à Marsaal2 dans un couvent où se trouvait des sœurs Boches et des sœurs Françaises, là j’ai prié une sœur de me faire un pansement car ça sentait mais elle tirait là-dessus sans faire attention et me faisait souffrir car le sang avait séché, l’adjoint au Maire qui se trouvait là y a mis ordre et à mis la sœur à sa place,


Combat de Dieuze (20 Août 1914)3

La bataille commencée le 19 se continue le 20. Le régiment a 6 compagnies engagées sur la crête et 2 en réserve.

L’artillerie lourde allemande s’est encore considérablement augmentée. Le combat est extrêmement violent; de part et d’autre les pertes sont sévères.

Vers midi, l’ennemi fait un nouvel effort : ses vagues se succèdent sans interruption.

Le régiment de gauche, succombant sous un adversaire très supérieur en nombre, vient occuper son emplacement de repli, découvrant ainsi le flanc gauche du 58ème RI. Celui-ci resté en pointe, subit un tir meurtrier d’artillerie et d’infanterie, mais résiste sur place tant qu’il peut. Enfin il est contraint de se replier, sous la protection de la compagnie installée au sud du Moulin Ladame.

Les pertes de la journée sont cruelles :

  • Officiers tués : 10

  • Officiers blessés : 7

  • Officiers disparus : 2

  • Officiers blessés prisonniers : 4

  • Troupe : 1.150

Il ne reste plus qu’un seul capitaine au régiment.

Le Colonel Jaguin, blessé d’une balle à l’épaule, «ne veut pas, dit-il, être évacué pour si peu de chose» et garde le commandement du régiment.

Le Commandant Duhalde, grièvement blessé, est d’abord transporté par des soldats, mais il leur ordonne de l’abandonner sur le terrain ; cet officier supérieur est mort quelques jours plus tard de ses blessures.

1Le 20 août.

2Plus probablement: Marsal, quelques km au sud-ouest de St Médard.

3Extrait de : « Historique du 58ème RI » Anonyme, Imp. Rullière, 1920

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19 août 1914

Le 19 août 1914 :

Marche de 11 km de Juvelize vers Saint-Médard. Mission tenir les lisières sud du bois de Bride et Koecking entre Saint-Médard et le moulin de Beck (soit 1800 m de front pour 2 bataillons => 2000 hommes ce qui fait pratiquement 1 homme par mètre).


 

On nous envoie à la mort, la région de Morhange est le le terrain de manœuvre des allemands, c’est là qu’il nous attende, ce n’est pas pour rien que la gare de Morhange est une des plus importantes de la région : c’est pour mieux accueillir les troupes de renfort. Les allemands fuient devant nous, les lâches !! mais c’est pour nous attirer dans le traquenard, ils se réfugient dans des tranchées aménagées et là ils laissent leur artillerie lourde et leurs mitrailleuses s’en donner à cœur joie. Les tirs sont préparés, c’est à dire qu’ils s’effectuent sur des coordonnées connues, nous comprenons maintenant l’utilité de ces piquets et de ces bâches de couleur posées sur les meules de foin, ce sont leurs repères. Les tirs sont d’une précision redoutables, les allemands sont comme à l’exercice.

C’est un carnage pour tous les régiments engagés.


Bilan des pertes par le colonel commandant le 40ème RI


C’est ici que je suis grièvement blessé.

car comme nous traversions le village de St Médard nos éclaireurs nous annonce une patrouille de Cavalerie ennemie mais il n’y a pas à intervenir car ils ont fui à notre approche mais en plein milieu de la forêt de St Médard qui se trouve à proximité du village du même nom un fort contingent ennemi donc nous sommes obligés d’attaquer les compagnies forment la carapace1 et s’avancent les unes après les autres suivant les ordres jusqu’à un fossé, là on se couche et on fait des feux2 on réussit à déloger l’ennemi de sa première tranchée, pour me porter dans le fossé je suis obligé de lâcher mes amis et de chercher un abri pour tirer sans être vu mais malheureusement des balles abattent plusieurs de mes voisins et moi suis touché à mon tour par un obus allemand (un 77) qui éclate au dessus de ma tête me déchiquetant le pied qui a été enfoncé à plusieurs centimètres dans la terre, me faisant une éraflure à la cuisse et une autre dans les reins, mais ça n’a été que superficiel3, malgré la douleur que je ressentais j’ai pu en m’aidant des deux mains arracher mon pied qui était enfoncé dans la terre, néanmoins j’ai pu faire une dizaine de mètres en arrière, là j’ai été recueilli par un ami nommé Coulon qui m’a emporté sur son dos derrière un abri où un infirmier m’a fait le 1er pansement avec mon paquet individuel, mais impossible d’arrêter l’hémorragie on avait du me couper les restes de chaussettes et de soulier avec mon couteau, il ne fallait pas songer à rester là aussi j’aperçois l’ordonnance du lieutenant mitrailleur et le prie de me conduire jusqu’au major qui se trouve sur la route et qui me fait un autre pansement, j’ai du rester là pendant quelques temps allongé sur le bord de la route à grelotter et en proie à une fièvre terrible voilà qu’au bout d’un moment les compagnies battent en retraite on donne l’ordre aux hommes valides d’emporter les blessés n’importe comment. C’était pénible à voir moi je réussis à me faire monter sur une bicyclette reposant mon pied malade sur le guidon et soutenu par un soldat de chaque côté nous arrivons ainsi jusqu’au carrefour désigné, là nous attendons les charrettes qui ne viennent nous chercher que vers 10 heures du soir4, nous sommes enfin chargés sur des charrettes réquisitionnées sur lesquelles on a mis un peu de paille, et où on nous met vingt. Mais quelle souffrance pendant le trajet jusqu’au village avec tous les cahots qu’il y avait par ses mauvais chemins, tout le long on entend que des gémissements, je suis obligé de tenir mon pied en l’air car je ne peux sentir que rien n’y touche; nous passons la nuit dans un écurie dans le village de St Médard les habitants nous portent bien du bouillon mais comme soin ils ne peuvent rien faire.

Combat de la Forêt de Bride et Koeking (19 Août 1914)5

Le 19 Août le 15ème Corps a pour mission de prendre l’offensive.

Le 58ème RI doit assurer la liaison entre les 15ème et 20ème Corps. Il reçoit l’ordre de se porter au nord de la forêt. Dès leur arrivée sur les lisières nord, les unités de couverture ouvrent le feu sur des détachements ennemis qui s’avancent sur ces lisières et qui se précipitent dans des tranchées préparées à l’avance.

L’artillerie ennemie pourvue de pièces lourdes, ouvre sur le 58ème RI un feu des plus violents, tandis que la nôtre ne coopère en rien à l’action du régiment.

Le combat prend une violence inouïe. Le feu de l’adversaire, bien abrité dans ses tranchées, nous cause des pertes importantes.

Le Colonel du 58ème RI, prévenu qu’il allait être soutenu par des unités du 40ème RI, engage ses deux bataillons, ne gardant qu’une compagnie de réserve. Cependant, une attaque débouche bientôt sur le flanc droit du régiment. Le Colonel Jaguin, drapeau en main, réunit autour de lui la Compagnie de réserve, et un groupe de la C. H. R. et accueille par une contre-attaque le mouvement débordant de l’ennemi, qui disparaît et ne renouvelle pas sa tentative.

La dure journée du 19 Août, où les 1er et 2ème Bataillons reçoivent le baptême du feu, nous fait perdre environ 700 hommes et plusieurs officiers. Le Capitaine de Jerphanion (commandant la 3ème Cie) est cité à l’ordre de l’Armée pour sa bravoure.

Le sergent Aubery reçoit la médaille militaire, pour son courage et sa décision remarquable. Le Capitaine François, blessé dès le début, ne veut pas abandonner le commandement de sa compagnie (la 2ème Cie), ses deux officiers étant hors de combat, et reçoit ainsi dans la journée, 4 autres blessures. II est décoré de la Légion d’honneur.

Le Sous-Lieutenant Saint-Pierre reçoit une citation pour avoir pris, étant blessé, le commandement de sa section dont le lieutenant avait été tué et l’avoir conservé jusqu’à ce qu’il ait été de nouveau blessé par éclat d’obus et par balle.


1La carapace, probablement « la tortue » comme les romains !!? Le sac au dessus de la tête tenait lieu de casque…J’ai retrouvé ce terme dans d’autres écrits : « S’ils sont pris sous le feu des obus fusants de l’artillerie ennemie, les hommes doivent se coucher à terre, en se serrant et en se protégeant la tête de leur sac ;cela s’appelle «faire la carapace», car les balles des shrapnells ne traversent pas les sacs. »extrait de « Fantassins sous la mitraille » général Jenoudet.

2Ils ouvrent le feu: ils tirent.

3Oui, mais vers 80 ans au cours d’une radio les médecins ont vu des bouts de ferrailles du côté de la colonne vertébrale!!!

4Le 19 août.

5Extrait de : « Historique du 58ème RI » Anonyme, Imp. Rullière, 1920

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18 août 1914

Le 18 août 1914 :

jusqu’au 19 nous n’avons pas grand chose à faire. Le 18 nous avons cantonné dans un village dont je ne me souviens plus le nom1 et d’où je vous ai adressé ma dernière carte avant d’être blessé et fait prisonnier. Comme d’habitude avec mon ami Viala, Migayroux et un nommé Castagné d’Alignan2 nous cherchons une maison où en versant quelques sous la propriétaire nous fait à manger, nous lui achetons deux poulets et en emportons un avec nous pour le lendemain ce devait être le dernier poulet que nous mangions ensemble


Extrait JMO du 58 ème RI


1Juvelize.

2Un Viala Hélie de Gouriès (Hérault) du 58ème RI a été tué à Dieuze le 20 août. Peut-être Castagné Fernand d’Alignan du Vent (Hérault) tué le 24/09/16 à Avocourt. Il n’était pas du 58 mais du 55RI (même division mais 60ème brigade) qui cantonne à Juvelize ce jour là (JMO 55RI).

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17 août 1914

Le 17 août 1914 :

Cantonnement à Juvelize.


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16 aout 1914

Le 16 août 1914 :

Marche de 11 km en direction de Marsal de Xures à Juvelize.