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Samedi 18 décembre 1915

AUX ARMEES2H DU SOIR

Ma chère Jeanne

Reçu ce matin deux lettres; donc je rétracte aujourd’hui les mots que j’écrivais hier sans réfléchir et au contraire je te remercie du fond du cœur. Encore des idées de me traiter d’embusqué ?

Il faut plus se gêner.

Je préfère malgré tout ces reproches plutôt ( » la chine  » écrit dans la marge) à la pluie qui ne cesse de tomber depuis deux jours de nouveau. Jamais de ma vie je n’avais vu tant de boue (NB: » Dans un vaste entonnoir, un bombardier du bataillon s’était enlisé. La glaise, puissante comme des tenailles, le serrait. Il sentait son corps aspiré vers le fond sans pouvoir faire un seul mouvement pour se sauver. Au contraire, s’il bougeait, il s’enfonçait d’avantage.  » Lieutenant L. GROF cité dans VERDUN.) , il est vrai que je suis jeune encore et appelé à en voir bien d’autres.

Pour le moment, nous ne nous inquiétons pas et nous mangions d’un bon appétit à 11 heures malgré les marmites (NB: Obus de gros calibre.) que nous entendions siffler le beau lièvre que nous avons pris hier. Il était excellent malgré que le civet fabriqué par notre chef cuisinier laissât un peu à désirer. Il faut le pardonner ce jeune homme. Il n’aurait sûrement pas fait de cuisine si la guerre n’avait pas éclaté.

Très heureux de vous savoir en bonne santé ; il en est de même pour moi.

Mon répertoire étant complètement épuisé je me vois dans la cruelle obligation de te quitter en te disant  » à demain « .

Bonjour affectueux à tous et reçois les meilleurs baisers de celui qui t’aime bien et ne pourra jamais t’oublier.

Albin REVEL.

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