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Dimanche 9 janvier 1916 -2ème lettre

Ma chère Jeanne.

C’est avec plaisir que je viens de lire ta lettre datée du 6. Je n’avais jamais constaté qu’elles ne mettaient que 3 jours (NB: c’est extraordinaire, 3 jours de Montpellier au front) pour faire ce long voyage. J’ai pu lire également la lettre d’AUBERT, il y a bien longtemps qu’il ne m’a pas écrit, depuis que je suis sur le front. Cependant je lui ai envoyé mon adresse. Jamais il n’avait tant tardé à m’écrire. C’est sûrement l’offensive qui est la cause de ce retard pour moi aussi.

Ah ! tu te demandes qu’est ce qui pourrait bien se passer d’intéressant le 31 décembre à 8h du matin pour que je t’ai parlé ainsi. Je ne pouvais pas plus qu’aujourd’hui t’expliquer mot à mot ce qui se passait. Si la censure n’était pas là ce serait différent.

Eh bien le 31 décembre étant de corvée, corvée de jour, les boches qui nous avaient repérés nous envoyaient quelque chose comme obus, des 210 et des 150, pendant 2h de file nous n’avons pas pu sortir de la tranchée abri que nous étions venus consolider. Les marmites tombaient tout près de nous, il me tardait qu’il soit nuit pour déguerpir de par là. Tu comprends bien si je t’écris en paraboles j’y suis presque obligé.

Ce soir pour changer un peu il faudra aller vadrouiller toute la nuit, charrier du bois aux fantassins.

Toujours bien portant, enchanté de savoir qu’il en est de même pour vous. Les fils DUCEL (NB: François DUCEL a été tué en avril 1917, lettre du 11 avril 1917 non reproduite ici) sont également du côté de la Somme. Suippes (NB: Suippes est en Champagne, et pas dans la Somme.) si je ne me trompe.

Et cette colère vous a-t-elle passée ma chérie ? Un peu quand même n’est ce pas. Eh bien je veux dire que c’était pas trop tôt.

M’en feras-tu d’eux quand j’arriverai ? Je ne garde pas la barbe, la moustache seulement.

Je m’arrête car il me faut aller garnir mes chevaux.

A demain d’autres nouvelles et qui ne seront pas écrites en paraboles. Ne t’inquiète pas, je ne veux pas du tout te contrarier.

Bonjour à Maman et Paulette.

Mille baisers pour toi.

Albin REVEL

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